Mardi 3 Mai

Avant de passer la frontière, nous allons voir les chutes de Li Pha Pheng impressionnantes après le terrible orage de la nuit (comme dans les films, le ciel tout éclairé et qui se déchire dans un bruit assourdissant).

Quelques kilomètres plus loin, Noy et notre chauffeur nous accompagnent jusqu’à la frontière. Là, on a l’impression de faire un bond en arrière et tels des exilés de franchir les barrières pour la zone libre. Il ne manque que le pont. Mais c’est à pied que nous passons sous la barrière de la frontière Laotienne et que nous passons de même sous la barrière Cambodgienne, tirant nos valises derrière nous.

Notre guide nous attend, elle s’appelle Bop Phany. Elle nous aide dans les formalités de douane. La première est le contrôle sanitaire ! Quelle n’est pas notre surprise quand le douanier nous prend notre température avec une petite caméra infrarouge. Les garçons réussissent l’examen haut la main, pour les filles plus ça va plus la machine sonne ! Je perds le round avec 38, 1°. Il faut dire qu’il fait déjà très chaud… Mais il restait encore de la marge, la barrière sanitaire étant à 39°.

Nous entrons au Cambodge et découvrons que cette région autrefois réputée pour sa jungle et ses bêtes sauvages a, en grande partie, été ravagée par la déforestation. Aujourd’hui, l’état tente de replanter le territoire pour lui rendre son aspect originel.

Notre guide se montre très pédagogue et met à profit les kilomètres jusqu’à la ville pour nous présenter le pays, l’histoire récente avec la guerre civile et son histoire personnelle.

Depuis Stung Treng où nous passerons la nuit, nous prenons le bac pour visiter le village d’en face. L’objectif était de découvrir les vestiges de temples pré-angkorien mais l’intérêt de cette journée va aller bien au delà. En visitant le village, nous rencontrons deux dames jouant au poker. En discutant avec l’une d’elle, elle nous apprend que son mari parle français, langue qu’il a apprise du temps de la colonisation. Nous faisons donc la connaissance de M. My, il a près de 80 ans et parle un français au départ hésitant mais vite il retrouve des tournures de phrase. Notre guide nous apprendra qu’il n’avait plus parler français depuis 1972. M. My à l’air assez ému et nous le sommes aussi de le voir si heureux de nous parler.

Plus loin dans le village, nous allons faire notre deuxième expérience culinaire exotique. Bop Phany nous propose de goûter l’oeuf de canard couvé, de trois semaine. Rendu prudent par l’épisode des oeufs de fourmi on demande à voir. Elle nous le prépare. De prime abord, ce n’est pas ragoûtant. Elle le coupe en petit bout et ajoute une sauce faite de poivre, de sel et de citron vert. Heureusement la bête n’est pas formée… Une fois de plus, je me lance : le goût est spécial, entre l’oeuf et le foie de veau.